Le camp d’été de 1980 : témoignage de Marie-Claude

Alors qu’elle n’avait que 20 ans, Marie-Claude BRINGER a participé au camp d’été de 1980 au Puy-en-Velay, avec les Compagnons de Puy-Guillaume. Avec son père et sa mère, Jean et Gisèle CHARREYRON, et son frère, ils ont activement participé au mouvement de solidarité au Puy, en préparant les lits et la cuisine. Revivez l’été 1980 et les débuts d’Emmaüs 43 à travers le témoignage de Marie-Claude.

« Le camp Emmaüs s’est déroulé à l’été 1980. Les Compagnons de Puy-Guillaume sont venus travailler avec nous, ou plutôt, c’était nous qui travaillions sous leurs ordres. Ils ont été installés au Centre Pierre Cardinal et il fallait tout préparer pour les accueillir. Marie André LAURENT est venue à la maison pour recruter. Mes parents, Jean et Gisèle CHARREYRON, ont répondu présents, entraînant avec eux mon frère et moi-même. Nous avons préparé les lits et la cuisine.
camp d'été 1980 EMmaüs 43
Lorsque les Compagnons sont arrivés avec Jules à leur tête, nous avons beaucoup échangé, c’étaient des hommes généreux, il n’y avait pas de triche. Leur vie n’avait pas été facile, mais maintenant, chez les Compagnons, ils se sentaient heureux, ouverts aux autres, pas seuls et surtout utiles. C’était très intéressant.

Au fil des jours, il y avait de plus en plus de bénévoles. Sylvie, Guy, Jean-François, Bernard, Josiane, Laurence, Emmanuel, Babeth, Marie-Jo… Il y en avait bien plus, mais je ne me souviens plus de tous les noms.

Certains collectaient et récupéraient toute chose. D’autres triaient, surtout les matins, et on vendait les après-midis. Cela se passait au Pensionnat Notre Dame de France : sous le préau pour tout ce qui craignait, et sur la cour pour tout le reste.
Ce qui n’était pas réparable, ni vendu en l’état était démonté et récupéré sur un des parkings de l’Hôpital Sainte Marie. C’était pour la ferraille. Les papiers et les chiffons étaient rassemblés en d’immenses balles. Ils les confectionnaient avec des grosses machines.

L’ambiance était extraordinaire, on ne chômait pas. Il y avait une entraide formidable. On les écoutait, car on ne savait pas toujours ce qu’il fallait faire. À tour de rôle, nous mangions avec eux. C’étaient un moment de partage et d’échanges formidables. Nous étions tous pareils. Certains préparaient les repas.
Fin août, nous avons dû libérer le Pensionnat, rentrée des classes oblige. Nous nous sommes installés Place du Clauzel, au-dessus du cinéma Vox, c’étaient des salles qui appartenaient à l’Evêché. C’était petit, nous avions deux salles l’une sur l’autre plus une petite cour. Les Compagnons sont repartis fin août.

Durant ces deux mois, nous avons eu la visite de l’Abbé Pierre. Je ne le connaissais pas. Lorsqu’on parlait avec lui, on sentait la bonté, la générosité et le partage. Il discutait avec tout le monde. Durant son séjour, il était hébergé à l’accueil de Sainte Marie. Lorsqu’il a fallu qu’il remonte sur Paris, mon papa est allé le chercher et m’a demandé de l’accompagner. Mon papa était son chauffeur et moi son groom, je portais fièrement sa valise. Nous sommes montés à Lourdes. Là, papa a fait jouer ses connaissances pour avoir le meilleur tarif. Il a insisté, ce n’était pas pour n’importe qui. Lorsqu’ils ont vu l’Abbé Pierre, ils nous ont demandé 1 franc symbolique. Nous l’avons accompagné jusqu’à l’avion. Après une accolade chaleureuse, il est monté. Je n’oublierai jamais.

Durant le camp, en plus des ventes des après-midi, nous avons fait une vente de linge sur la Place du Breuil. Nous avons bien rigolé, on s’habillait avec les vêtements qu’on vendait. Super moment, il y avait tellement de convivialités. Je ne me souviens pas si on a bien vendu. Nous avons fait, aussi, une superbe vente aux enchères Salle Jeanne d’Arc au Puy, car nous avions récolté de très belles choses : montres, bijoux, cuivres… Pour mettre en valeur, on a tout nettoyé. On a même nettoyé des cuivres sur le bord du trottoir Avenue de la Cathédrale.
Avec les fonds recueillis, il a été envisagé d’ouvrir un accueil de nuit. Marie André LAURENT, mon papa et moi-même sommes allés à Bourges visiter un accueil de nuit en fonctionnement. Cela étant, il fallait chercher un lieu sur le Puy. À côté de chez nous, il y avait eu le dispensaire Rue du Bouillon. Il était fermé depuis plusieurs années et ne servait à rien. Une demande a été faite à la Mairie et nous avons obtenu l’accord. Nous avions ouvert un accueil de nuit Emmaüs. Ensuite, il fallut plus grand, il a été reconstruit Rue Jean Solvain. Les lieux de vente ont déménagé plusieurs fois.

Avec Babeth ISSARTEL, nous avons passé un week-end à Puy-Guillaume chez les Compagnons. Nous étions heureuses de les revoir. Nous avons beaucoup discuté de ce qu’ils avaient pensé du camp. Ils l’avaient trouvé très bien, beaucoup de générosité, d’échanges, tout le monde s’entendait à merveille. Personne ne se tirait dans les pattes. On agissait vraiment comme l’Abbé Pierre le souhaitait. Nous n’avions qu’un seul objectif agir pour les plus démunis.

Surtout, gardez et conservez l’Esprit Emmaüs. »