Jean Michel GOURGEON était aux prémices d’Emmaüs 43, au Puy-en-Velay. Même s’il n’était pas présent aux conférences de l’abbé Pierre au Puy en 1979 et en 1980, il a participé dès juillet 1980 au camp d’été avec la Communauté Emmaüs de Puy-Guillaume, sur le parking de l’hôpital Sainte-Marie. Il vous partage son vécu avec Emmaüs 43 depuis plus de 40 ans, à l’occasion de la célébration du 70ème anniversaire de l’appel de l’abbé Pierre ce 1er février 2024.
Le camp d’été au Puy-en-Velay, le début d’un fort engagement
Dès juillet 1980, Jean Michel participe au camp d’été d’Emmaüs. Les camions se succèdent et viennent déverser les nombreux dons des altiligériens sur le parking de l’hôpital Sainte-Marie. « Le parking était plein ! » raconte-t-il. Ramasse, tri, vente… Tout cela est organisé à l’extérieur, et plusieurs semaines seront nécessaires pour débarrasser le parking de Sainte-Marie.
Il se souvient de compagnons venus du monde entier, comme du Japon, accueillis au Puy-en-Velay et logés au Centre Pierre Cardinal. « J’étais sans emploi à l’époque, dans une période de ma vie un peu compliquée. J’ai donc décidé d’être bénévole au camp d’été, pour me sentir utile » explique-t-il.
Jean Michel vivait avec les jeunes de la Communauté durant l’année 1980. Le dimanche, il leur proposait des balades. C’est ainsi que lors des inondations du 15 septembre 1980, le bus transportant les jeunes et les compagnons fut bloqué à Brives-Charensac. Ils durent faire un détour pour rentrer, Dans les jours qui suivirent, ils allèrent aider les sinistrés. En 1981, il poursuit son engagement avec Emmaüs au camp d’été de Roanne, avant de revenir au Puy-en-Velay.
Création du Comité d’Amis et de l’accueil de nuit
Le 15 novembre 1980, le Comité d’Amis Emmaüs 43 est créé, avec un premier bric-à-brac en 1981 rue Guillaume Chabalier à Vals-près-le-Puy. Jean Michel, lui, travaille à HELP (Hospitalité Emmaüs Le Puy) dès son ouverture en 1983 rue du Bouillo. Il s’agit du premier accueil de nuit pour les sans-abris sur le Puy-en-Velay. Jean Michel était chargé d’apporter un peu de réconfort aux accueillis et de faire régner le calme. Il fut fidèle au poste pendant 15 ans. Des bénévoles étaient également présents pour écouter et proposer des activités aux accueillis.
Pour être reçues, les personnes devaient renoncer à l’alcool de 18h à 8h du matin. Le gîte et le couvert leur étaient offerts, et ils pouvaient également se doucher, utiliser les machines à laver et téléphoner gratuitement. « Au printemps et à l’automne, beaucoup de personnes étaient accueillies. Les gens se déplacent durant ces périodes et ne restent pas au Puy, donc il y avait moins d’accueillis en hiver » explique Jean Michel.
Emmaüs, "l’école de la vie"
Pour lui, sa rencontre avec l’abbé Pierre et Emmaüs fut déterminante. « Rien n’est demandé sur le passé de chacun, et c’est un passage enrichissant ». Pour lui, c’est un peu « l’école de la vie », où chaque personne peut retrouver ses repères dans espace bienveillant, que ce soit en étant salarié ou bénévole. Pour lui, Emmaüs est également un lieu de rencontre : « sans Emmaüs, je n’aurais probablement pas rencontré ma femme durant le réveillon de 1980 » raconte-t-il.
Aujourd’hui, Jean Michel travaille au secteur du Label : avec 3 autres bénévoles, il trie et vend sur internet des objets de seconde main. Même si les choses ont beaucoup évolué ces dernières années, l’esprit de l’abbé est et doit être préservé, en servant toujours premier le plus souffrant. Il se souvient également de cette phrase de l’abbé Pierre « tout ce qui n’est pas donné est perdu ».